Description

Genèse

L’enseignante a la conviction que les élèves peuvent mieux apprendre s’ils ont la possibilité de s’organiser de manière autonome et tout particulièrement en disposant plus librement de l’espace offert par la classe. Une documentation riche a permis de faire évoluer l’espace en le rendant adapté aux pratiques pédagogiques.

Réalisation

Le mobilier a été remplacé par l’enseignante par des meubles et assises diverses permettant aux élèves de changer de posture à leur gré pendant la classe (assise haute ou basse, allongé, debout, mi-assis, en tailleur…). Il n’y a pas ou peu de financement car beaucoup de récupération (une table déjà présente ailleurs dans l’école, des dons des familles…). La mairie a financé des Ztools.

Usages

Les élèves sont libres de se déplacer, de s’asseoir ou de s’allonger où ils veulent :  derrière les rideaux sur le rebord de fenêtre (fenêtre condamnée), sur un fauteuil, sur une chaise, une table ou au sol avec sous ou sans ZTools.
Les élèves suivent un plan de travail, construit par l’enseignante. Ils évoluent à leur rythme. Ceux qui ont fini en avance peuvent commencer à s’évaluer grâce à des tests en passant des ceintures de niveaux. L’entraide et la collaboration sont favorisées. Un suivi individuel est réalisé par l’enseignante.

Les plus-values attendues ou constatées

Sur les pratiques pédagogiques

• Favoriser l’autonomie et la différenciation pédagogique
• Encourager l’entraide et la coopération
• Renforcer l’estime de soi en valorisant le travail et les progrès des élèves.

Sur le climat scolaire

Les élèves, autorisés à bouger, apprennent à se gérer et à se réguler. Le climat scolaire est en amélioré, plus apaisé. Plus besoin de décharger l’énergie contrôlée.

Évolutions envisagées

Trouver des solutions pour acquérir du mobilier flexible, neuf et adapté. Poursuivre la démarche « classe flexible » en évoluant vers la « classe démocratique » laissant aux élèves davantage de choix quant à l’ordre des matières à travailler sur la journée. Travailler sur la question de l’évaluation et du suivi de chaque élève.

Une classe flexible, pourquoi ?

Selon Sylvain Connac et al (2022) « Ces classes sont alors trois fois flexibles : d’une part, l’enseignant abandonne la disposition classique en rangées face au tableau, d’autre part, les espaces sont modifiables par les utilisateurs grâce à du mobilier modulable, et enfin, même si les meubles restent immobiles, chacun peut se déplacer et s’installer en fonction de la tâche à exécuter ».

Si c’est avant tout le besoin de mouvement des élèves qui est mis en avant dans cette classe, l’objectif est surtout de développer chez eux particulièrement des compétences méthodologiques, organisationnelles et d’autonomie.

Des observations in situ

Une exigence forte est de mise du côté de l’enseignante qui relance les élèves pour qu’ils respectent les règles de classe, pour les remettre au travail lorsque certains décrochent mais également pour valider le travail réalisé par chaque élève avant de passer à la matière suivante. L’autonomie s’apprend aussi. Un suivi individuel est réalisé par l’enseignante.

Alors que certains élèves se positionnent à un endroit et y restent le temps de la séquence, d’autres bougent d’une position à une autre. Pour autant on peut s’apercevoir qu’en début de leçon, les élèves se rapprochent progressivement du TBI (sans consignes de la part de l’enseignante). Les élèves « savent » intrinsèquement que certains lieux (proximité du TBI ou retrait des bords de fenêtre par exemple) sont davantage propices au travail et à leur réussite. La régulation se fait naturellement, des temps de silence quasi-total succèdent à des temps de communication plus dynamique.

Sans que cela ne soit pour le moment recherché, de la collaboration spontanée entre élèves se met en place.

Les élèves sont plus calmes. On peut constater qu’ils ont bien moins besoin que leurs camarades de se défouler pendant le temps de récréation qui suit le temps de classe.

Points de vigilance : L’enseignante est extrêmement sollicitée par les élèves. Certains bougent beaucoup ce qui peut en perturber d’autres. De solutions sont à expérimenter pour les élèves à besoins particuliers (besoin de s’isoler).

Les enjeux du bâti scolaire

Parmi les 5 enjeux qui concernent le bâti scolaire, le projet s’oriente vers deux objectifs prioritaires :

• « Favoriser le bien-être et l’inclusion » mais également
• « Favoriser l’apprentissage et l’enseignement »

C’est bien le format pédagogique de l’enseignante qui a été à l’origine des modalités d’organisation de la salle.

Le point de vue des acteurs

Paroles d’un élève : « J’aime parce qu’on peut bouger »

Paroles de l’enseignante : « Je ne pourrais plus travailler autrement », « Les élèves sont plus apaisés, ils apprennent à canaliser leur énergie »

Pour aller plus loin

Cité par S. Connac (2022), Kariippanon et al. (2018) écrivent : « Lorsqu’ils sont conçus et utilisés efficacement, les espaces d’apprentissage flexibles offrent des environnements d’apprentissage où les élèves peuvent expérimenter une autonomie accrue en ayant la possibilité de faire une variété de choix à propos de leur apprentissage, de manière à contribuer à développer l’autorégulation, la collaboration et les interactions, tout en assurant leur bien-être » (p. 318).

On remarque l’absence d’élèves qui restent continuellement en fond de classe comme dans le cas d’une classe traditionnelle.
Certains élèves susceptibles de décrocher restent très investis. Le changement de place pouvant être un moyen de « lâcher » quelques secondes avant de se remettre au travail.

Le Menn, E. (2018). L’école autrement. Mon tour du monde des pédagogies alternatives. Retz.

Connac, S., Hueber, C. et Lanneau, L. (2022). Aménagement flexible et coopération entre élèves. Didactique, 3(1), pp. 11-36

Kariippanon, K.E., Cliff, D.P., Lancaster, S.L., Okely, A. D. et Parrish, A.-M. (2018). Perceived interplay between flexible learning spaces and teaching, learning and student wellbeing. Learning Environments Research, 21(3), 301-320.